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Procrastination : ce n’est pas de la paresse, mais un conflit intérieur

Procrastination paresse conflit
Procrastination paresse conflit

Tu ouvres ton ordinateur, tu te promets de travailler sur un dossier important… et te voilà en train de vérifier tes mails ou de scroller sur ton téléphone. Après coup, la culpabilité s’installe, accompagnée de stress, d’autocritique et parfois même d’un sentiment d’échec.

 

La procrastination n’est pas de la paresse ni un simple manque de volonté. C’est un mécanisme psychologique complexe, nourri par des conflits intérieurs, des émotions douloureuses (peur de l’échec, anxiété, ennui), des croyances erronées (“je dois être parfait ou je ne commence pas”) et des réactions de ton cerveau qui privilégie la gratification immédiate.

 

Dans cet article, nous allons explorer en profondeur les racines de la procrastination pour mieux comprendre ce qui se joue lorsque vous remettez sans cesse au lendemain

Qu’est-ce que la procrastination ?

La procrastination, c’est ce comportement bien connu qui consiste à reporter une tâche importante au profit d’une activité plus plaisante ou moins exigeante. Sur le moment, ce report procure un soulagement immédiat… mais il s’accompagne ensuite de culpabilité, de perte d’efficacité et d’un stress accru.

Prenons un exemple concret : tu dois préparer une présentation professionnelle. L’idée même de t’y mettre t’angoisse. Alors, pour te rassurer, tu ranges ton bureau ou tu lances une série “juste 10 minutes”… qui se transforment en deux heures. Vous voyez sans doute le piège : plus vous reportez, plus l’angoisse grandit, et plus il devient difficile d’oser commencer.

En réalité, procrastiner, ce n’est pas seulement “remettre au lendemain”. C’est un véritable cercle vicieux où l’évitement soulage à court terme, mais renforce l’anxiété et la culpabilité à long terme. Tu finis par t’en vouloir, et cette autocritique nourrit encore davantage la procrastination.


La procrastination vue par la psychanalyse


D’un point de vue psychanalytique, la procrastination trouve ses racines dans un jeu de conflits inconscients entre trois instances psychiques décrites par Freud :

·         Le Ça, qui réclame une gratification immédiate et pousse vers le plaisir instantané.

·         Le Surmoi, qui impose des exigences, des devoirs et un idéal de perfection.

·         Le Moi, pris en étau entre ces deux forces, qui bloque parfois l’action pour éviter l’angoisse.

Autrement dit, procrastiner peut-être compris comme une forme d’inhibition : au lieu d’affronter le conflit intérieur, l’individu choisit inconsciemment de ne pas agir. Tu n’avances pas dans ta tâche, non pas par paresse, mais parce qu’agir réveille trop de tension psychique.

Prenons un exemple concret : vous devez rendre un rapport important. Une part de toi veut se détendre, une autre exige que ton travail soit parfait. Coincé entre ces deux voix intérieures, tu bloques… et repousses encore.


L’idéal du Moi et le perfectionnisme

Lacan et Winnicott ont souligné le poids de l’Idéal du Moi. Lorsque vous vous imposez des standards irréalistes, la peur de produire quelque chose d’imparfait devient paralysante. Par exemple : tu repousses la rédaction d’un mémoire ou d’un rapport, car tu veux que chaque phrase soit parfaite dès la première version. Résultat : l’exigence excessive bloque l’action et alimente la procrastination.

 

L’angoisse de séparation et le refus de grandir

Mélanie Klein a mis en lumière une autre dimension : procrastiner peut-être une manière inconsciente de “geler le temps”. Derrière certains retards chroniques se cache la peur de grandir, de s’autonomiser ou de perdre un objet d’attachement. Vous remettez à plus tard, non pas parce que la tâche est insurmontable, mais parce qu’elle symbolise un pas vers l’indépendance… et cette séparation peut être vécue comme angoissante.

En clair la procrastination n’est pas un simple manque d’organisation. Elle est l’expression d’un conflit inconscient, qu’il s’agisse de la peur de l’échec, du poids d’un idéal de perfection ou de l’angoisse de séparation. C’est une manière de protéger le psychisme de la douleur : douleur de l’échec, de la perte ou de la culpabilité.


Causes de la procrastination
Causes de la procrastination

Explications cognitives et comportementales (TCC)

La procrastination n’est pas un défaut de caractère ici , mais le résultat d’un apprentissage : chaque fois que tu repousses une tâche, tu ressens un soulagement immédiat… et ce soulagement entretient le cercle vicieux de la procrastination. Elles la considèrent comme un cercle vicieux : un comportement appris, renforcé par le soulagement immédiat qu’il procure, mais qui alimente à long terme la culpabilité et l’inaction.


Les distorsions cognitives : ces pensées qui bloquent l’action

La procrastination ne vient pas de la paresse, mais de croyances automatiques qui paralysent le passage à l’action. Ces pensées, souvent inconscientes, fonctionnent comme de véritables pièges :

  • “Je dois faire cette tâche parfaitement ou pas du tout.” → le perfectionnisme empêche même de commencer.

  • “Je n’ai pas assez d’énergie, je le ferai plus tard.” → la croyance erronée que la motivation viendra toute seule.

  • “Ça va être trop difficile, je n’y arriverai pas.” → une surestimation de l’effort et une sous-estimation de tes capacités.


Ces pensées ne sont pas neutres : elles entretiennent l’inaction et nourrissent l’angoisse. Tu attends d’être “prêt”, vous espérez que demain sera plus simple… mais la motivation ne tombe pas du ciel. Plus vous attendez, plus la tension monte, et plus le cercle vicieux de la procrastination se renforce.

 

Le cycle d’évitement et de soulagement temporaire

À chaque fois que tu repousses une tâche, tu ressens un soulagement immédiat : l’angoisse baisse, tu respires mieux… mais ce répit est de courte durée. Rapidement, la culpabilité revient, avec une baisse de confiance en toi.

C’est ce qu’on appelle le conditionnement de la procrastination :

  • Comportement : reporter l’action.

  • Conséquence immédiate : soulagement, baisse de l’anxiété.

  • Conséquence à long terme : stress accru, perte d’estime de soi, renforcement du cercle vicieux.

Autrement dit, plus tu évites, plus tu confirmes à ton cerveau que reporter est la meilleure solution… alors que c’est justement ce qui entretient ton malaise.

 

Comment la thérapie TCC peut t’aider à sortir du cercle vicieux

La thérapie cognitivo- comportementale (TCC) aide à déconstruire la procrastination en agissant à plusieurs niveaux complémentaires :

  • Les pensées : identifier les distorsions cognitives (“je dois être parfait”, “je n’ai pas d’énergie”) et les remplacer par des pensées plus réalistes et aidantes.

  • Les émotions : apprendre à tolérer l’anxiété, la peur de l’échec ou l’ennui sans céder au réflexe de fuite.

  • Les comportements : mettre en place de nouvelles habitudes d’action, par exemple s’exposer progressivement aux tâches, les découper en étapes réalisables et renforcer chaque petite victoire.

Un exemple concret : plutôt que de rédiger un rapport entier d’un seul coup (ce qui paraît insurmontable), tu commences simplement par écrire le titre ou le plan. Cette première étape enclenche une dynamique positive : chaque mini-avancée devient une réussite qui nourrit ta motivation et restaure ta confiance.

Ce qu’il faut retenir c’est que la procrastination n’est pas une fatalité. C’est un comportement entretenu par un apprentissage émotionnel, mais il est possible de le déconstruire. L’enjeu est de désapprendre ce réflexe d’évitement et de reconstruire un cercle vertueux, fait de petites étapes, de confiance retrouvée et de progrès concrets.

Et si tu te reconnais dans ces lignes, rappelle-toi : tu n’es pas seul(e). La procrastination peut se comprendre, s’apprivoiser et surtout se dépasser. Pas à pas, en avançant avec bienveillance envers toi-même, tu peux transformer ce cercle vicieux en un nouvel élan vers l’action et la sérénité.


DR ALAMI Ghita

Psychologue clinicienne

 
 
 

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Tel: 06 62 82 94 60 

DR ALAMI GHITA Psychologue clinicienne

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