J’ai peur que mon adolescent(e) soit homosexuel(le) : comprendre et accompagner
- ghita alami
- il y a 7 jours
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Comprendre la sexualité à l’adolescence
La sexualité englobe l’ensemble des comportements, désirs et représentations liés à l’exercice de la fonction sexuelle. Dès l’âge de trois ans, l’enfant manifeste de la curiosité pour les organes génitaux, la différence des sexes et les interactions entre ses parents. Cette phase, souvent décrite dans le développement psychosexuel freudien, correspond à la période phallique et préfigure les premières bases de l’identité sexuelle.
À l’adolescence, la puberté déclenche un bouleversement hormonal et psychologique : le corps se transforme, les pulsions sexuelles se réveillent, et l’adolescent explore le plaisir sexuel, seul ou à travers les premiers flirts et relations amoureuses. Un manque d’informations ou une éducation sexuelle insuffisante peuvent rendre ces expériences anxiogènes, voire culpabilisantes. Dans certains cas, les premiers rapports vécus dans l’insécurité ou la brutalité peuvent avoir un impact traumatique.
L’orientation sexuelle, elle, ne se révèle pas brutalement. Elle se construit par touches successives, à travers l’histoire personnelle, les expériences relationnelles, et les étapes du développement psychique décrites par Freud, mais aussi par Erikson, qui insiste sur l’importance de la construction identitaire à l’adolescence.
L’homosexualité à l’adolescence : étape ou affirmation ?
Les pratiques homosexuelles durant l’adolescence peuvent être transitoires, liées à un contexte de découverte et d’expérimentation. Elles répondent souvent à des besoins affectifs forts (besoin de proximité, de reconnaissance, de soutien) ou à une appréhension vis-à-vis de l’autre sexe. Dans certains cas, elles sont un moyen d’explorer ses limites et d’intégrer son corps dans une dynamique relationnelle.
En psychologie du développement, il est admis que le choix du partenaire sexuel à cet âge n’est pas figé. Les échelles de Kinsey montrent qu’il existe des variations et des phases intermédiaires dans l’orientation sexuelle, avec des périodes de bisexualité. Cependant, pour certains adolescents, l’homosexualité est déjà clairement ressentie et assumée, sans souffrance associée.
La pulsion sexuelle, décrite par Freud comme polymorphe à l’enfance, tend à se canaliser à l’adolescence. Des flottements entre hétérosexualité et homosexualité peuvent se produire avant qu’une orientation plus stable ne s’installe.
Gestes, attitudes et idées reçues
Le style vestimentaire, la gestuelle ou la tonalité de voix ne suffisent pas à définir l’orientation sexuelle d’un adolescent. Le genre (masculin/féminin) et l’expression de genre ne se confondent pas avec l’orientation sexuelle. Un garçon efféminé ou une fille adoptant des codes masculins peuvent simplement exprimer leur personnalité ou se conformer aux codes de leur groupe d’amis.
Ces comportements, comme l’échange de vêtements, les embrassades ou les gestes de tendresse, relèvent souvent de rituels d’appartenance et de la recherche d’une identité sociale. L’adolescence est un moment privilégié pour développer des amitiés profondes avec des pairs du même sexe, ce qui répond à des besoins émotionnels universels.
Poids de la société et impact psychologique
Dans un contexte où l’homosexualité reste stigmatisée, beaucoup d’adolescents préfèrent garder le silence, par peur du rejet ou du harcèlement scolaire. Le manque d’information sur la sexualité et la prévention des IST accroît leur vulnérabilité psychologique et physique. Dans les environnements conservateurs, le jugement social renforce la honte et l’isolement, et peut mener à des troubles anxieux ou dépressifs.
Pour les parents, découvrir l’orientation homosexuelle de leur enfant peut provoquer un choc émotionnel, souvent accompagné de culpabilité ou de remise en question éducative. Une accompagnement psychologique peut aider à dépasser ces réactions initiales.
Facteurs explicatifs selon la psychanalyse
Il n’existe pas de cause universelle à l’homosexualité, qui n’est ni une maladie ni un trouble. De ce fait la psychanalyse considère que l’orientation sexuelle peut s’ancrer lors de la période œdipienne (5-6 ans) :
Œdipe classique : désir pour le parent de sexe opposé.
Œdipe inversé : amour pour le parent de même sexe et rivalité avec le parent de sexe opposé.
Configurations mixtes : tendance à la bisexualité.
Le complexe d’Œdipe joue un rôle dans la structuration de la personnalité et l’orientation du désir, mais il interagit avec l’histoire personnelle, les relations précoces, et les identifications primaires.
Un processus à accompagner
L’orientation sexuelle à l’adolescence est fluide .Il est essentiel d’éviter les étiquetages précipités ou la banalisation excessive. Le rôle du psychologue clinicien est central pour offrir un espace sécurisé d’exploration, aider l’adolescent à se connaître et accompagner les parents dans leurs questionnements.
DR ALAMI Ghita
Psychologue clinicienne
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