Pourquoi certaines femmes refusent d’avoir des enfants
- ghita alami
- 26 juil.
- 2 min de lecture
La psychanalyse a permis de lever le silence entourant le désir de grossesse, souvent traversé par l’ambivalence. Mais, dans de nombreuses cultures, ne pas vouloir procréer reste difficile à admettre, tant sur le plan subjectif que social, encore moins à revendiquer ouvertement.
Pour comprendre pourquoi certaines femmes refusent d’avoir des enfants, il est indispensable de revenir à leur histoire personnelle et à la relation qu’elles ont entretenue avec leur propre mère.
La mère : premier objet d’identification
La mère est, pour la petite fille, le premier objet d’investissement et d’identification. L’organisation psychique féminine se constitue autour d’enjeux liés à cette relation fondatrice.
Les qualités de cette relation mère-fille dépendent :
des angoisses respectives,
des mécanismes de projection et d’introjection,
des refoulements,
des clivages et des identifications projectives de chacune.
C’est au croisement de ces mouvements que se construit (ou se fragilise) le désir d’enfant.
Le désir d’enfant et son évolution
Le désir de grossesse s’inscrit dans l’évolution libidinale de la petite fille, et plus précisément dans la dynamique œdipienne. Dans le registre fantasmatique, la grossesse est perçue comme un cadeau au père, permettant à la fille d'accéder à sa féminité — dans une rivalité implicite avec la mère.
Mais ce désir n’est pas univoque. Il réveille des conflits latents, de vieilles angoisses, et engage la femme dans de nouvelles potentialités psychiques.
Une genèse précoce
Le désir de devenir mère peut apparaître dès les 18 premiers mois, dans le prolongement d’une identification à la mère nourricière, source de chaleur et de survie. Cette première étape initie chez la fillette le désir d’être, elle aussi, un jour une mère.
Puis vient la période de latence :
L’image maternelle s’efface,
L’enfant découvre l’absence d’organe sexuel visible comme celui du père,
Elle se détourne alors de la mère et se tourne vers le père, désirant un enfant de lui.
Ainsi, le désir d’enfant chez la fille combine deux élans :
Le désir d’être comme sa mère.
Le désir d’avoir un enfant de son père, dans une dynamique œdipienne.
Pourquoi certaines femmes refusent-elles la maternité ?
Chez certaines femmes, ce processus ne se déroule pas de manière fluide. Lorsque la référence maternelle fondatrice fait défaut, le refus de maternité peut émerger avec force.
Accepter de porter un enfant, c’est aussi :
accepter de s’identifier à sa mère,
renoncer à l’image idéalisée et jeune de soi-même,
faire face au passage du temps, à la transmission, à la mort symbolique de la jeunesse.
Certaines femmes refusent de voir se briser le « miroir narcissique » que leur renvoie leur image actuelle. Elles ne veulent pas y voir surgir le reflet de leur propre mère, vieillissante. Elles rejettent ce que la maternité sous-entend : la dette symbolique à la lignée maternelle.
Un processus universel, mais pas instinctif
Le désir d’enfant est souvent considéré comme naturel et universel. Mais il est en réalité complexe, construit, et profondément symbolique. Il engage à la fois :
des désirs d’immortalité,
des processus d’identification,
des résonances inconscientes avec la propre enfance.
Chaque enfant à naître est à la fois :
le produit d’une pré-histoire familiale inconsciente,
et le point de rencontre entre un langage individuel et une mémoire collective.
Il est le lieu où le rêve d’un sujet se transforme en réalité vivante.







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