top of page
Rechercher

Double vie : Les Marocains sont-ils schizophrènes ?


ree

Les Marocains seraient-ils schizophrènes ? Une question que l'on entend souvent...

Il serait exagéré de parler de schizophrénie pour qualifier les comportements des jeunes Marocains. En revanche, il est indéniable que cette nouvelle génération est profondément tiraillée entre une certaine modernité affichée et des croyances conservatrices profondément enracinées.

Cette ambivalence définie comme la coexistence de sentiments opposés vis-à-vis d’un même sujet touche chacun d’entre nous, mais à des degrés divers.

On retrouve ces contradictions dans trois grandes sphères de la vie psychique :

1. La sphère de la volonté

Chez un même individu, deux volontés contraires peuvent coexister. Prenons l’exemple d’un jeune homme qui souhaite se marier. Il peut avoir simultanément :

  • la volonté d’épouser la femme qu’il aime et fréquente ;

  • et celle de choisir une épouse conforme aux attentes de sa famille, c’est-à-dire plus traditionnelle.

Ce tiraillement génère des conflits internes durables.

2. La sphère intellectuelle

L’ambivalence se manifeste aussi par des discours contradictoires.

Un jeune peut, par exemple, affirmer dans la même conversation :

« J’aime ma femme, mais je vais voir ailleurs. »

Ces contradictions intellectuelles révèlent souvent des conflits inconscients non résolus.

3. La sphère affective

C’est la forme la plus marquée d’ambivalence :

« Je t’aime, je te hais » exprimé envers la même personne, au même moment.

Cette coexistence d’amour et de haine est fréquente dans les relations intimes ou familiales et traduit des mouvements affectifs complexes issus de l’inconscient.

L’inconscient, socle de nos contradictions

L’ambivalence puise sa source dans l’inconscient, cette dimension psychique profonde et souvent inaccessible à la conscience. On peut le comparer au fond d’un lac, mélange de vase, de perles et de sable, relié à une terre plus vaste encore.

Cet inconscient est façonné :

  • par notre histoire personnelle,

  • par l’héritage familial,

  • par l’environnement social, culturel et religieux.

Il influence nos pensées et nos comportements, parfois à notre insu.

Le « ça », le « surmoi » et le « moi ».

Pour comprendre ces contradictions, il est utile de rappeler trois concepts fondamentaux de la psychanalyse :

Le « ça »:

C’est le siège des pulsions et des désirs. Quand on dit : « C’est plus fort que moi », c’est souvent le « ça » qui parle. Exemple : une personne vérifie dix fois la fermeture de sa porte. Elle n’en a pas consciemment envie, mais une force intérieure l’y pousse.

Le « surmoi »:

C’est notre conscience morale, héritée de l’éducation et des normes sociales. Il impose des règles : « Je dois faire ceci, pas cela. »Le surmoi agit comme une gendarmerie intérieure, parfois en conflit avec les pulsions du « ça ».

Le « moi »:

C’est notre identité consciente, notre personnalité. C’est le « je » qui agit, mais souvent pris entre les pressions du « ça » et les interdits du « surmoi », d’où les tensions internes.

Conclusion

Les comportements contradictoires que l’on observe chez de nombreux jeunes Marocains et au sein de la société en général ne relèvent pas de la pathologie, mais de phénomènes psychiques normaux, issus d’un inconscient tiraillé entre modernité, tradition, désir et interdits.

Ce qu’on qualifie parfois d’hypocrisie ou de double vie est, bien souvent, le signe d’un conflit intérieur profond, qu’il convient de comprendre avant de juger.

 
 
 

Commentaires


Contact  

Tel: 06 62 82 94 60 

DR ALAMI GHITA Psychologue clinicienne

bottom of page