Culpabilité chronique : comprendre l’anxiété morale et s’en libérer
- ghita alami
- 10 août
- 3 min de lecture

Quand la culpabilité devient une ombre permanente
Tu t’excuses sans arrêt. Tu te demandes si tu as blessé quelqu’un. Tu te sens coupable… même quand tu n’as rien fait de mal.
Peut-être que tu t’en veux après une simple remarque.
Peut-être que tu revis sans cesse une discussion où tu aurais “dû mieux dire”.
Peut-être que tu as l’impression d’être “de trop”, ou pas assez, ou trop sensible, trop exigeante, trop présente, trop absente…
Et petit à petit, tu finis par croire que c’est toi le problème. Pourtant, ce sentiment de faute permanent n’est pas une faiblesse de caractère : c’est souvent le signe d’une anxiété morale, une forme d’angoisse qui ne touche pas seulement tes émotions mais aussi ta perception de ta valeur personnelle.
Culpabilité chronique : quand dire "non" devient impossible
La culpabilité excessive peut apparaître même quand :
tu dis non, mais avec la boule au ventre ;
tu prends du temps pour toi ;
tu ne réponds pas immédiatement à un message ;
tu refuses de porter ce que l’autre veut te faire porter.
Ce qui se joue à l’intérieur, c’est un mécanisme automatique :
“Je suis fautif(ve)” même sans preuve réelle.
“Je suis responsable du mal-être des autres.”
“Je devrais être plus gentil(le), plus disponible, plus parfait(e).”
Ce mode de pensée ne se règle pas avec la logique : il est profondément émotionnel et souvent hérité de ton histoire affective.
Le lien entre anxiété et culpabilité
Les recherches en psychologie cognitive montrent que l’anxiété chronique est souvent associée à : des pensées automatiques négatives, des ruminations morales, une tendance à la sur-responsabilisation.
Tu crois que tu es responsable : des émotions des autres, de leur bien-être, de leur colère, tristesse ou silence.
Résultat : tu vis sous une pression émotionnelle constante. Et plus tu essaies d’être irréprochable, plus la moindre remarque devient insupportable.
Le Surmoi : cette voix intérieure qui juge sans relâche
Cette culpabilité persistante est souvent reliée à un Surmoi très fort , une éducation parentale avec de fortes exigences.
Le Surmoi, c’est cette voix intériorisée qui juge, interdit et exige en permanence : “Tu aurais pu faire mieux.” ou “Tu es égoïste.” ou encore “Tu n’as pas le droit de penser à toi.”
Chez certaines personnes, ce Surmoi est sévère et omniprésent, empêchant toute détente émotionnelle et entretenant un sentiment de faute même sans cause réelle.
La faute archaïque : se sentir coupable d’exister
La culpabilité archaïque ne repose pas sur un acte précis mais sur une impression diffuse : celle d’avoir été “trop” ou “pas assez” pour une figure importante dans ton passé.
Cela peut venir de :
L’idée que ton existence a dérangé ou coûté trop d’attention,
La peur d’avoir blessé psychiquement un parent fragile ou instable,
Une ancienne expérience où ton besoin d’affection était lié à la peur de perdre l’amour reçu.
Cette dette affective invisible t’amène à t’excuser… même quand personne ne t’accuse.
Et si t’excuser avait été une stratégie de survie ?
La culpabilité chronique n’est pas un défaut : c’est souvent un mécanisme de protection appris tôt.
Dans ton passé, s’excuser vite pouvait peut être t’éviter : le rejet, la punition, le conflit, le silence, ou encore l’abandon affectif.
Aujourd’hui, ce réflexe peut continuer à fonctionner… même s’il n’est plus nécessaire.
Retrouver la liberté intérieure : vivre sans cette voix accusatrice
Tu as le droit : de dire non, de ne pas être parfait(e), de ne pas porter la responsabilité de tout, de vivre sans t’excuser d’exister.
Un accompagnement thérapeutique peut t’aider à : repérer et apaiser la voix du Surmoi, rompre avec les schémas de sur-responsabilisation, créer un rapport plus doux et plus juste avec toi-même, distinguer empathie et culpabilité.
Personne n'est condamné à vivre avec une culpabilité aussi épuisante. Il existe des chemins pour retrouver une paix intérieure durable, avec lucidité et liberté.
DR ALAMI Ghita
Psychologue clinicienne






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