Bonheur et médias : comment l’influence façonne notre vision de la vie
- ghita alami
- 14 août
- 3 min de lecture

Qu’est-ce qu’une personne malheureuse ?
Il est difficile de donner une définition précise de la personne « malheureuse ». Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’il est possible de déjouer les nombreux obstacles qui empêchent d’accéder au bonheur. On parle par ailleurs de l'impact des médias sur notre capacité à être heureux.
Le bonheur touche à des dimensions profondes de notre être :
Notre identité et notre désir, à travers l’amour et la sexualité.
Notre besoin de toute-puissance, souvent enraciné dans l’enfance.
Dans un monde devenu instagrammable, si centré sur la consommation, être heureux suppose de connaître les conditions qui rendent ce bonheur possible. Le bonheur est subjectif : on se sent heureux parce qu’on a la conviction de l’être. Ce ne sont pas tant les événements qui déterminent notre qualité de vie que l’interprétation que nous en faisons. Notre cerveau cherche en permanence à donner du sens à ce qui nous arrive. Ces interprétations, positives ou négatives, influencent nos émotions, qui elles-mêmes façonnent nos comportements et notre vision du monde.
Comment changer les choses et devenir heureux ?
Être heureux est possible, mais ses conditions restent complexes.
D’abord, bonheur et malheur ne s’excluent pas totalement :
On peut vivre un profond malheur et malgré tout ressentir des plaisirs simples (manger, écouter de la musique, sentir la chaleur du soleil).
On peut se dire heureux sans éprouver de joie intense ou de plaisir particulier.
Il n’existe pas de recette miracle. Mais certaines approches, comme la psychologie positive, peuvent être précieuses. L’idée est de nourrir nos interprétations positives pour améliorer notre bien-être. Par ailleurs les réseaux sociaux nourrissent nos pensées de croyances souvent erronées sur un supposé bonheur de l'autre.
Deux conseils majeurs peuvent vous aider :
Éviter de vous comparer aux autres.
Remplacer vos croyances négatives par des croyances plus constructives.
Attention : si des conflits intérieurs profonds ou une dépression sont présents, ces outils ne suffiront pas. Dans ces cas, un accompagnement psychologique est nécessaire.
Bonheur et influence des médias
Notre conception du bonheur n’est jamais totalement autonome : elle se construit au contact de notre environnement social, culturel et médiatique.
Les médias, qu’il s’agisse de la publicité, des réseaux sociaux ou des films, influencent de manière subtile et parfois insidieuse nos aspirations. Ils proposent des modèles de vie idéalisés : corps parfaits, couples épanouis, réussites professionnelles éclatantes, maisons impeccables… autant d’images qui servent de points de comparaison implicites.
Le rôle des mécanismes psychologiques
Cette influence repose sur plusieurs processus bien connus en psychologie :
La comparaison sociale : nous évaluons notre valeur en nous comparant aux autres. Les médias amplifient cette tendance en nous exposant à des vies soigneusement filtrées et embellies.
Le renforcement du désir mimétique : nous désirons ce que nous voyons désiré par d’autres, non pas pour l’objet lui-même, mais pour l’image sociale qu’il confère.
Le conditionnement : les images récurrentes associant bonheur et consommation renforcent l’idée que posséder davantage mène forcément au bien-être.
Le biais de disponibilité : plus une image de « bonheur » est présente dans notre mémoire (publicité, séries, Instagram), plus nous avons tendance à la considérer comme norme ou objectif à atteindre.
Les effets sur le bien-être
Cette quête peut mener à ce que la psychologie appelle l’adaptation hédonique : une fois nos désirs satisfaits, nous nous habituons rapidement au nouvel état et cherchons déjà la prochaine source de plaisir. Résultat : un cycle infini de désirs qui, loin de nous combler, entretient une frustration permanente. À long terme, cette exposition continue aux médias d'influence peut : réduire notre satisfaction de vie en renforçant un sentiment de manque, déformer notre perception de la réalité, alimenter l’anxiété de performance et le sentiment d’infériorité.
Retrouver une liberté intérieure
Le défi, dans une société saturée d’images, est de reconstruire sa propre définition du bonheur, indépendamment des standards imposés. Cela implique : d’identifier les sources d’influence et les relativiser, de se recentrer sur des valeurs personnelles, de cultiver la gratitude et l’authenticité plutôt que la comparaison constante.
En d’autres termes, apprendre à filtrer les messages que nous recevons est une étape essentielle pour protéger notre bien-être psychologique et éviter de confondre bonheur authentique et bonheur fabriqué.
Le bonheur n’est ni une norme universelle ni un état permanent. Il se construit dans l’équilibre entre nos besoins profonds, notre interprétation de la réalité et notre capacité à poser des limites à nos désirs.
DR ALAMI Ghita
Psychologue clinicienne






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